Le contrat de sous-traitance dans le BTP : Conseils et modèle
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La sous-traitance dans le secteur du BTP est une pratique courante qui permet aux entreprises de se concentrer sur leur cœur de métier tout en confiant certaines tâches à des partenaires spécialisés. Toutefois, cette pratique comporte des risques importants, notamment sur le plan juridique :
C’est pourquoi il est essentiel d’établir un contrat de sous-traitance bien rédigé, qui protège à la fois le donneur d’ordre et le sous-traitant. Dans cet article, nous allons explorer les aspects clés de la sous-traitance dans le BTP et vous fournir un modèle de contrat pour sécuriser vos relations professionnelles.
C'est quoi la sous-traitance dans le BTP ?
La sous-traitance, encadrée par la loi du 31 décembre 1975, s'applique à de nombreux secteurs, en particulier le BTP. Concrètement, elle consiste pour une entreprise, appelée donneur d'ordre, à confier à une autre entreprise, le sous-traitant, la réalisation partielle ou totale d’une prestation professionnelle.
Le sous-traitant agit de manière autonome, sans lien de subordination avec le donneur d’ordre, et assume donc l’entière responsabilité de son travail. Très courante dans le domaine du bâtiment, cette pratique est largement utilisée, notamment sur les grands chantiers où des compétences spécifiques ou des ressources supplémentaires sont souvent nécessaires.
La sous-traitance désigne une relation tripartite
Pour qu’il y ait sous-traitance, au sens de la dite loi de 75, il est indispensable que deux types de contrats soient passés : d’une part, le marché principal (passé entre le maître d’ouvrage et l'entreprise principale) et d’autre part, le marché sous-traité (conclu entre l’entreprise principale qui devient donneur d'ordre et le sous-traitant).
La sous-traitance désigne une relation tripartite entre trois acteurs principaux :
- Le maître d’ouvrage qui est le client principal.
- Le donneur d’ordre qui correspond à l’entreprise principale qui remporte le marché.
- Le sous-traitant qui est celui qui réalise en partie les travaux.
Autrement dit, le recours à un sous-traitant répond à un besoin ponctuel d'une entreprise principale ne pouvant pas exécuter l'ensemble des travaux demandés par son client principal.
Les trois types de sous-traitance dans le BTP
La sous-traitance dans le BTP peut prendre différentes formes en fonction des besoins de l'entreprise principale. Voici les trois principaux types de sous-traitance, chacun répondant à des objectifs spécifiques liés aux capacités, compétences ou stratégies de l’entreprise.
- La sous-traitance de capacité : désigne une entreprise qui a recours à des sous-traitants pour réaliser des travaux dont elle n'a pas la capacité pratiques pour les assumer pleinement. Par exemple, lorsque ses employés sont déjà mobilisés sur d'autres chantiers, l'entreprise principale va devoir recourir à des sous-traitants pour honorer son contrat.
- La sous-traitance de spécialité : se réfère à un manque de compétences propres au sein de l'entreprise principale pour réaliser une partie ou l'intégralité de travaux dont elle ne maîtrise pas la connaissance. Dans cette situation, l'entreprise aura tout intérêt à sous-traiter au lieu de former ou de spécialiser ses salariés.
- La sous-traitance stratégique : répond au besoin d'une entreprise donneuse d'ordre d'évaluer les performances d'une entreprise sous-traitante avant de potentiellement les acquérir.
C'est quoi un contrat de sous-traitance ?
Le contrat de sous-traitance est encadré par la loi du 31 décembre 1975. Ce contrat d'entreprise permet de définir la relation entre le donneur d'ordre et le sous-traitant dans tous les secteurs dont le BTP.
Dans le cadre d'un contrat de sous-traitance, les droits et les obligations légales entre les deux parties sont clairement encadrés :
- Les travaux à réaliser
- La durée pour réaliser les travaux
- Les montants liés à l'exécution des travaux
Quelle est la différence entre le contrat de sous-traitance et le contrat de travail ?
La distinction entre le contrat de travail et le contrat de sous-traitance s'opère principalement par le fait qu'il n'y a pas de lien de subordination dans la sous-traitance.
Le lien de subordination est caractérisé par le juge à partir de plusieurs indices :
- Indices révélant une dépendance économique du sous-traitant.
Exemple : le sous-traitant travaille uniquement avec l'entreprise principale.
- Indices révélant une intégration dans un service organisé par autrui.
Exemple : le sous-traitant porte la même tenue de chantier que les employés de l'entreprise principale.
- Indices révélant l’exercice d’une autorité par l’employeur.
Exemple : le sous-traitant est soumis à des horaires fixés par le donneur d'ordre.
Les obligations du contrat de sous-traitance dans le BTP
Obligation du donneur d'ordre
Tout d’abord, l’entreprise principale doit déclarer chaque sous-traitant au maître d’ouvrage et obtenir son approbation avant son intervention sur le chantier. Cela garantit la transparence et la qualification des sous-traitants.
Ensuite, l'entreprise principale doit fournir une garantie de paiement au sous-traitant. Cette garantie assure que, même en cas de défaillance du donneur d’ordre, le sous-traitant sera payé, le maître d’ouvrage devenant responsable en dernier recours. Cela sécurise financièrement le sous-traitant et protège la bonne exécution du contrat de sous-traitance BTP.
Obligation de résultat ou Obligation de moyen du sous-traitant
Dans un contrat de sous-traitance dans le BTP, les obligations du sous-traitant peuvent varier en fonction du type d'engagement : obligation de résultat ou obligation de moyen.
- Obligation de résultat : Le sous-traitant est tenu de livrer un résultat concret, facilement vérifiable par le donneur d'ordre. Par exemple, si le contrat prévoit l'installation de 20 panneaux solaires, le donneur d'ordre pourra constater que les panneaux ont bien été installés correctement. Ce type d'obligation est particulièrement recommandé pour les prestations de travaux dans le BTP.
- Obligation de moyen : Ici, le sous-traitant s’engage à mobiliser les moyens nécessaires pour accomplir sa mission, mais le résultat n'est pas garanti. Par exemple, s’il est engagé pour donner des conseils ou effectuer des études, le donneur d'ordre aura plus de difficulté à évaluer la qualité de la prestation de manière objective.
Il est fortement conseillé de stipuler dans le contrat de sous-traitance que le sous-traitant est soumis à une obligation de résultat pour des prestations de travaux. En cas de mauvaise exécution ou de prestations incomplètes, cela permet au donneur d’ordre de demander au sous-traitant de corriger les travaux défaillants.
Le contrat de sous-traitance dans le BTP est-il obligatoire ?
Dans le secteur du BTP, aucun texte de loi n’impose formellement la conclusion d’un contrat de sous-traitance entre le donneur d’ordre et le sous-traitant, sauf dans le cas spécifique de la construction d’une maison individuelle. Cependant, même si ce contrat n’est pas obligatoire, il est fortement recommandé pour encadrer la relation entre les parties et éviter de nombreux risques juridiques et financiers.
Pourquoi rédiger un contrat de sous-traitance dans le BTP ?
L’établissement d’un contrat de sous-traitance dans le BTP offre une série d’avantages non négligeables, tant pour le donneur d’ordre que pour le sous-traitant. En voici quelques-uns :
Avantages pour le donneur d’ordre :
- Maîtrise des risques de requalification : Un contrat bien rédigé réduit les risques que la relation entre le donneur d’ordre et le sous-traitant soit requalifiée en contrat de travail. Cela permet de se protéger contre des sanctions liées à du travail dissimulé, un problème récurrent dans le secteur du BTP.
- Fidélisation du sous-traitant : Un cadre juridique clair et défini contribue à instaurer une relation de confiance et à fidéliser le sous-traitant. Cette stabilité permet de consolider les collaborations à long terme.
- Protection juridique accrue : En cas de litige, le contrat de sous-traitance constitue une preuve claire des obligations de chacune des parties, facilitant ainsi la résolution des conflits potentiels devant un tribunal.
Avantages pour le sous-traitant :
- Visibilité économique : Grâce au contrat, le sous-traitant bénéficie d’une meilleure prévisibilité financière, notamment par la formalisation des modalités de paiement. Cela permet une meilleure gestion de sa trésorerie et de ses ressources.
- Réduction du risque de subordination : Le contrat définit les rôles et les responsabilités, limitant ainsi les risques de dépendance économique ou d’assimilation à un salarié du donneur d’ordre. Cela garantit l’indépendance juridique du sous-traitant.
- Protection en cas de litige : En cas de différend, le contrat protège le sous-traitant en fournissant un cadre légal clair sur ses droits et ses obligations, facilitant la défense de ses intérêts devant les instances compétentes.
Comment créer un contrat de sous-traitance dans le BTP ?
Créer un contrat de sous-traitance dans le BTP est une étape essentielle pour formaliser les relations entre le donneur d’ordre et le sous-traitant. Un contrat bien rédigé permet d’éviter les malentendus, de sécuriser les prestations, et de protéger juridiquement les deux parties. Voici les étapes à suivre pour élaborer un contrat solide et conforme à la législation en vigueur.
1. Identifier les parties prenantes
Le contrat doit clairement désigner les deux parties impliquées : le donneur d’ordre (l’entreprise principale qui confie les travaux) et le sous-traitant (l’entreprise ou l’artisan qui exécutera les prestations sous-traitées). Ces informations doivent inclure les noms officiels des entreprises, leurs adresses, ainsi que les détails des représentants légaux signataires du contrat.
2. Définir précisément l’objet des travaux
Une des clauses clés du contrat de sous-traitance BTP est la définition claire et précise des travaux confiés au sous-traitant. Il est crucial de détailler la nature des prestations, les tâches spécifiques à accomplir, ainsi que les matériaux ou équipements à utiliser, pour éviter tout malentendu en cours de chantier.
3. Établir les modalités de paiement
Les conditions de paiement doivent être clairement définies dans le contrat. Cela inclut le montant total de la prestation, les échéances de paiement, les modalités de facturation et les pénalités en cas de retard de paiement. Un cadre strict permet d’éviter les retards de paiement et de protéger les flux financiers du sous-traitant.
4. Préciser les délais d’exécution
Les dates de début et de fin des travaux doivent être clairement stipulées. Le contrat peut aussi inclure un calendrier d’exécution avec des jalons pour les étapes clés du projet. Cela permet de garantir que les travaux seront réalisés dans les délais prévus, tout en donnant au donneur d’ordre une vision claire de l’avancement du chantier.
5. Inclure les garanties et assurances
Dans le secteur du BTP, il est essentiel de spécifier les garanties de bonne exécution des travaux, ainsi que les assurances obligatoires du sous-traitant. La garantie de parfait achèvement et l’assurance décennale sont des éléments importants qui doivent être inclus dans le contrat pour couvrir d’éventuels défauts ou malfaçons après la réalisation des travaux.
6. Définir les responsabilités et obligations des parties
Le contrat doit clairement établir les responsabilités de chaque partie. Il est important de définir les obligations du sous-traitant concernant la bonne exécution des travaux, le respect des normes de sécurité, et la gestion des documents administratifs. De même, les responsabilités du donneur d’ordre doivent être précisées, notamment en matière de paiement et de suivi du chantier.
7. Mentionner les modalités de rupture du contrat
Il est important de prévoir les situations qui peuvent entraîner la résiliation du contrat, telles que le non-respect des obligations ou des délais. Les modalités de résiliation amiable ou pour faute doivent être spécifiées, ainsi que les conséquences financières ou juridiques qui en découlent.
8. Ajouter une clause de règlement des litiges
Enfin, le contrat de sous-traitance doit inclure une clause définissant la juridiction compétente en cas de litige, ainsi que les procédures de médiation ou d’arbitrage à suivre pour résoudre les différends sans recourir directement à un tribunal.
Quelles sont les clauses à mentionner dans vos contrats dans le BTP ?
Le secteur du BTP présente des spécificités qu’il est essentiel de prendre en compte lors de la rédaction d’un contrat de sous-traitance. Voici les principales clauses à mentionner pour sécuriser votre contrat dans le BTP :
Quels sont les documents administratifs à demander au sous-traitant lors de la signature du contrat ?
L'obligation de vigilance s'adresse à tous les donneurs d'ordre passant un accord avec un sous-traitant dont le montant dépasse les plus de 5000 euros hors-taxes (facturations et paiements cumulés sur l'année).
Cette loi a pour objectif de lutter contre le travail dissimulé et la fraude fiscale. Pour répondre à cette obligation, le donneur d'ordre doit demander à son sous-traitant un certains nombre de documents administratifs puis les vérifier dès la signature du contrat.
Les documents à demander :
- Attestation de régularité fiscale
- Attestation de travailleurs étrangers hors de l'espace économique européen
- Attestation de vigilance
- Extrait Kbis
Les liens pour les vérifier
- Attestation de régularité fiscale : https://www.impots.gouv.fr/
- Extrait Kbis : https://www.infogreffe.fr/controle
- Attestation de vigilance : https://www.urssaf.fr/portail/home/utile-et-pratique/verification-attestation.html
Notre équipe Compliance & Legal a créé un tableau récapitulatif dans lequel vous trouverez la liste des documents à obtenir, les liens pour les vérifier ainsi que leur durée de validité :
Notre modèle de contrat de sous-traitance
Notre équipe Compliance & Legal a créé un modèle de contrat dans lequel vous retrouverez toutes les clauses indispensables pour sous-traiter sans risque :